Art-Thérapeute en psychiatrie et en milieu carcéral depuis dix ans, Stéphanie travaille dans un atelier d’art qui réalise régulièrement des expositions et des projets artistiques pour, et avec, les participants fréquentant l’atelier. Elle a donné également des cours de céramique pendant ses études de Psychologie et avait, à titre personnel, un atelier de bricolage avec un tour à pied.
« Ce qui me stimule est de recycler, de tendre vers une sorte de décroissance ».
Son compagnon, Stéphane, bricoleur lui aussi, a également toujours créé pour son plaisir et leur mode de vie est le plus possible orienté vers le style « reduce, re-use, recycle »
Leur pratique personnelle a toujours été expérimentale, autodidacte (même si des gens expérimentés leur ont transmis des savoirs de manière ponctuelle), et ce depuis l’enfance. Ils n’ont jamais exposé leurs productions :
« Ce versant de ma vie artistique, jusqu’à aujourd’hui, fait partie de mon intime, et de l’ordre d’un échange avec mes proches mais avant tout avec moi-même. L’art thérapie n’y est pas non plus pour rien car en effet, dans ce registre, une production n’a pas pour vocation d’être « montrée. Ainsi, exposer ne s'était jamais vraiment imposé à moi. »
« L’incendie du 26 juillet 2017 marque dans notre vie une grande scission. Nous perdons alors notre logement et son cadre fabuleux, notre atelier, la jouissance de vivre près de nos ânes, notre potager « permaculture », le site où nous avions choisi d’élever nos deux enfants ».
À travers ce processus de deuil, la praticienne qu’elle est se questionne mais sait qu'il y a du bon dans toute expérience : comment faire pour éviter un déracinement brutal à leur garçon de 8 ans qui a toujours vécu là et à sa petite sœur de 2 ans qui y est née ? Que faire pour tenir bon dans l’adversité et quand la vie vous apporte des épreuves ?
Viennent des flashs:" une exposition s’impose à mesure que nous ramassons dans un tas de cendre des morceaux de notre vie passée, des fragments d’objets et des souvenirs construits depuis tant d’années
Oui, le feu a réalisé son œuvre et le lâcher-prise qu’il incarne ne peut que parler à la céramiste qui est en moi.
Certains fragments sont beaux. Nous allons en montrer et faire en sorte de rester dans la « construction », malgré tout. Le processus de résilience est engagé."
"Il y aura autant d’œuvres que de besoin d’extérioriser, pour chacun de nous quatre, ce que cet événement nous inspire. Après presque huit mois. Nous commençons tout juste à élaborer et visualiser matériellement nos ouvrages."
Nous voulons dire que, tels des bouddhistes, nous nous sommes efforcés de visualiser la rose qui pousse dans le tas de fumier sous nos yeux.
Avec une pléthore d’émotions complexes et parfois même contradictoires, nous aimerions donner l’exemple de la persévérance, d’acceptation sans résignation, d’une certaine foi en la vie…
Cette exposition représente aussi une manière très personnelle de remercier tous ceux et celles qui nous ont soutenus à travers cette expérience.